Vous avez remarqué qu’un collègue semble aller mal ? Il paraît fatigué, stressé ou distant depuis quelques temps ? Face à ce mal-être, vous aimeriez l’aider mais vous ne savez pas comment vous y prendre sans paraître indiscret.
Cette situation est plus courante qu’on ne le pense. Entre le désir d’aider et la peur de mal faire, beaucoup de professionnels restent dans l’inaction. Pourtant, quelques gestes simples et respectueux peuvent faire une vraie différence pour un collègue en difficulté.
Les signes de mal-être au travail : à quoi faut-il être attentif ?
Avant d’agir, il faut savoir repérer les signaux qui peuvent indiquer une souffrance au travail. Ces signes ne sont pas toujours évidents et peuvent se manifester de différentes manières selon les personnes. L’important est de rester attentif aux changements d’attitude ou de comportement de votre collègue.
Les changements de comportement :
- Votre collègue s’isole, participe moins aux échanges
- Fais moins de pause que d’habitude,
- Irritabilité inhabituelle ou au contraire, repli sur soi
- Baisse visible de motivation ou d’enthousiasme
Les signes physiques :
- Fatigue persistante,
- Négligence de l’apparence personnelle
- Tensions corporelles, posture fermée
- Plaintes de troubles du sommeil, de l’alimentation
Les signaux professionnels
- Difficultés de concentration, erreurs inhabituelles
- Retards ou absences répétés
- Désorganisation soudaine chez une personne habituellement rigoureuse
- Diminution de l’efficacité, de la productivité
NB : Ces signes ne sont pas des preuves absolues, mais ils méritent votre attention.
Ouvrir la porte du dialogue : comment s’y prendre ?
L’objectif premier n’est pas de forcer la parole, mais d’offrir un espace de confiance dans lequel votre collègue pourra s’exprimer, s’il ou elle en ressent le besoin. Souvent, la manière d’aborder l’échange est importante : créer un climat propice à la parole, sans attente ni pression. Voici quelques clés pour encourager, avec délicatesse, la possibilité d’une vraie conversation.
Choisir l’instant propice
Le timing est crucial pour aborder un collègue en difficulté. Une approche au mauvais moment peut non seulement échouer, mais aussi renforcer son sentiment d’isolement. Il faut privilégier les moments où la personne sera plus réceptive et où vous pourrez échanger sereinement.
Évitez les moments de stress ou de rush. Privilégiez :
- Une pause café ou déjeuner
- La fin de journée quand l’ambiance est plus détendue
- Un moment tranquille, où vous pouvez être à l’abri des regards.
Créer les bonnes conditions
Au-delà du moment choisi, le cadre dans lequel vous abordez votre collègue influence grandement sa capacité à s’ouvrir. Un environnement bienveillant et sécurisant peut encourager la parole, tandis qu’un cadre inadapté peut créer un blocage.
L’environnement compte autant que vos mots :
- Trouvez un lieu calme et discret
- Un endroit sans interruptions possibles
- Prévoyez un peu de temps, au moins 30 minutes (n’ouvrez pas l’échange si vous êtes entre deux réunions)
Entamer la discussion
Les premiers mots sont déterminants. Une approche trop directe peut braquer votre collègue, tandis qu’une entrée en matière trop détournée peut sembler artificielle. L’objectif est d’ouvrir un espace de parole sans pression ni jugement.
Plutôt que des questions directes comme « Qu’est-ce qui ne va pas ? », optez pour des approches plus subtiles :
- « Je t’ai trouvé un peu fatigué ces derniers temps, comment tu vas ? »
- « Tu sembles préoccupé en ce moment, tu veux en parler ? »
- « Si tu as besoin de décompresser, je suis là pour t’écouter »
- « J’ai le sentiment / j’ai l’impression / je te sens … soucieux.se / inquiet.e / tracassé.e / surchargé.e / stressé.e… »
Tips : Engagez l’échange avec sincérité et bienveillance. Utilisez vos mots, votre langage, restez vous-mêmes au risque de ne pas sembler authentique.
Éviter les pièges
Malgré les meilleures intentions du monde, certaines réactions peuvent involontairement blesser ou fermer la communication. Ces phrases, souvent prononcées pour rassurer, peuvent en réalité minimiser la souffrance au travail ressentie par votre collègue. Nous avons une tendance naturelle à apporter de l’aide, une solution. En revanche, ne pas donner notre avis est parfois contre-intuitif.
Certaines phrases peuvent fermer la communication :
- ❌ « Je sais exactement ce que tu ressens »
- ❌ « À ta place, je ferais… / J’aurais fait ci… »
- ❌ « Ce n’est pas si grave »
- ❌ « Il faut que tu… / Tu devrais… / Tu aurais dû… »
Finalement, il est nécessaire d’éviter de dramatiser, minimiser le ressenti de l’autre. Les conseils ne sont pas toujours adaptés lorsqu’on souhaite dans un premier temps ouvrir le dialogue et permettre à son collègue de parler de son mal-être.
Pratiquer l’écoute active
Les bases de l’écoute bienveillante
L’écoute active ne consiste pas simplement à entendre les mots de votre collègue, mais à l’accompagner dans l’expression de ses émotions et de ses difficultés. C’est un art qui demande de la patience, de l’empathie et surtout, de savoir mettre de côté ses propres jugements et solutions.
Quand votre collègue se confie, votre rôle n’est pas de résoudre ses problèmes mais de l’accompagner :
Écoutez sans juger : Laissez la personne s’exprimer librement, sans l’interrompre, sans donner votre avis, ni commenter ses choix
Reformulez pour montrer que vous comprenez :
- « Si je comprends bien, tu te sens débordé par tes missions ? »
- « Ce que j’entends, c’est que tu ne te sens pas soutenu par (nom de la personne) ? »
Posez des questions ouvertes :
- « Comment ça se manifeste pour toi ? »
- « Qu’est-ce qui t’aiderait le plus en ce moment ? »
Tips : remplacez les pourquoi par des comment.
Gérer les silences
Les moments de silence lors d’une conversation sur des sujets difficiles sont naturels et même nécessaires. Ils ne signifient pas que l’échange échoue, bien au contraire. Ces pauses permettent à votre collègue de digérer ses émotions et de trouver les mots pour exprimer sa souffrance au travail.
N’ayez pas peur des moments de silence. Ils permettent à votre collègue de :
- Réfléchir à ce qu’il ressent
- Trouver les mots justes
- Reprendre ses émotions
Respectez ces pauses sans chercher à les combler immédiatement.
Respectez les limites quand votre collègue ne veut pas parler
Il est important d’accepter que certaines personnes ne souhaitent pas se confier, même face à une approche bienveillante. Ce refus ne doit pas être perçu comme un échec de votre part, mais comme un choix à respecter.
Si la personne refuse de se confier :
- Ne forcez jamais la discussion
- Signalez simplement votre disponibilité : « Je reste disponible si tu changes d’avis »
- Continuez à maintenir une relation normale et bienveillante
Reconnaître vos propres limites
En tant que collègue, il est essentiel de garder à l’esprit que vous n’êtes pas un professionnel de l’accompagnement psychologique ou à même de l’accompagner en tant que thérapeute. Vouloir trop aider peut parfois créer une pression supplémentaire, tant pour vous que pour la personne en difficulté.
Vous ne connaissez pas toutes les réponses, parfois vous vous sentirez dépassé par la situation. Vous ne saurez pas toujours quoi dire, quoi faire. Ne restez pas seul.e, entourez-vous, orientez votre collègue vers les interlocuteurs adaptés, privilégiés. Vous pouvez évidemment rester un soutien bienveillant.
Mentionner les ressources disponibles
Lorsque vous sentez que la souffrance au travail de votre collègue dépasse ce que vous pouvez apporter par votre seule écoute, il peut être approprié d’évoquer les ressources d’aide professionnelle. Cette suggestion doit se faire avec délicatesse, sans donner l’impression que vous vous déchargez du problème.
Quand c’est approprié, vous pouvez évoquer :
- La médecine du travail
- Les services RH si votre entreprise en dispose
- Les lignes d’écoute anonymes et gratuites
- Les dispositifs d’aide aux salariés de votre entreprise
Maintenir le soutien dans la durée
Le soutien à un collègue en souffrance au travail ne se limite pas à une conversation ponctuelle. C’est souvent dans la répétition de petites attentions quotidiennes que se construit une vraie solidarité professionnelle. L’équilibre entre présence et respect de l’espace personnel est délicat mais essentiel. Votre collègue doit sentir qu’il peut compter sur votre soutien, tout en gardant la liberté de gérer sa situation à son rythme.
Protéger votre propre bien-être en fixant vos propres limites
Accompagner un collègue en difficulté demande de l’énergie. Il est important de ne pas vous laisser submerger par sa souffrance au travail au point de compromettre votre équilibre. Il vous faudra peut-être apprendre à être dans l’empathie, plutôt que dans la sympathie.
Quelle différence fait-on ?
La sympathie : c’est le fait de partager les émotions d’autrui, une grande préoccupation pour l’autre. Vous RESSENTEZ AVEC l’autre.
L’empathie : c’est reconnaître et comprendre les émotions, la situation de l’autre. Vous COMPRENEZ l’autre.
“ L’empathie c’est comprendre, sentir le monde privé de l’autre comme s’il était le vôtre, mais sans jamais perdre de vue le « comme si »” Carl Rogers
Conclusion : L’importance du lien humain au travail
Face aux difficultés d’un collègue, votre rôle est d’avoir un regard attentif, une écoute bienveillante Rappelez-vous que parfois, le simple fait de savoir qu’on n’est pas seul fait toute la différence. Votre geste, même modeste, peut être le déclic qui aidera votre collègue à traverser une période difficile ou à chercher l’aide dont il a besoin.
Besoin d’un regard expert ? Contactez TOIT de SOI
Rédaction : Emeline Houssin



